Le tournant d’Iseotec

Emeric Chopard, Directeur chez Iseotec SA au Locle, explique la transition entre l’horlogerie et le médical ainsi que les défis y afférents.

Vous êtes désormais dans le medtech. Est-ce vraiment deux métiers différents, l’horlogerie et le médical ?

Nous avons la chance de disposer de centres d’usinage qui nous permettent de passer d’une production horlogère à une production médicale sans nécessité de modifications majeures. Ce qui change, c’est l’aspect réglementaire, c’est la partie suivie. Quand nous avons choisi de nous lancer dans le médical, nous avons beaucoup investi dans les aspects réglementaires, les certifications, les systèmes de nettoyage, les systèmes de marquage et de traçabilité, ainsi que dans notre système qualité. Notre système de qualité est entièrement vertical. Nous élaborons intégralement nos procédures. Lorsque nous effectuons une intervention sur une pièce, elle est procédurée et nous ne sommes plus autorisés à modifier le moindre détail. Pour la modifier, il faut consulter notre client. Dans notre société, des contrôles qualité sont effectués régulièrement, parfois s’étalant sur une semaine pour un produit médical particulier. C’est pour cette raison que nous avons considérablement investi dans le secteur réglementaire. En ce qui concerne l’usinage, il s’agit de matériaux que nous connaissions déjà, avec quelques variations mineures. Les besoins en qualité sont sensiblement les mêmes que dans l’horlogerie. Il est clair qu’il n’y a pas les mêmes défis esthétiques. Les articles médicaux mettent davantage l’accent sur les aspects dimensionnels. Pour nous, ce n’est pas une nouveauté sur le plan technique. Il s’agit plutôt d’une innovation en termes de réglementations et de processus.

Nouveau métier avec les mêmes équipes ?

Les mêmes équipes assurent l’usinage et la finition. Il y a un responsable qualité en charge des procédures. Ce n’est pas un problème, car cela nous est également utile dans l’horlogerie. Nous avons des concurrents dans l’horlogerie aux dimensions comparables aux nôtres mais qui ne disposent pas nécessairement d’un système de qualité. Ces derniers n’ont pas forcément de système de timbrage spécifique avec des traçabilités de lots super spécifiques. Par rapport à nous, il y a six mois, nous pouvions identifier quel opérateur a fabriqué quelle pièce et sur quel type de matériau. Un certificat matière est automatiquement consigné dans notre système. Ainsi, même si un horloger signale un souci sur une boîte de montre ou un cercle d’emboîtage susceptible de rouiller, nous sommes en mesure de retracer les étapes pour déterminer l’origine. Dans le médical, il est impératif de conserver indéfiniment la partie suivie et la traçabilité. En effet, cela nous confère une force et une rigueur cruciales, que ce soit dans le médical qui est indispensable, mais nous l’implémentons également dans l’horlogerie, ce qui nous positionne fort bien dans ce secteur.

Pour quelles raisons avez-vous racheté Dixi Cylindre ?

Nous avons acquis cette société de décolletage fin 2023. Dans le passé, nous achetions à l’extérieur les pièces décolletées. Notre société faisait essentiellement du grand diamètre, tournage et fraisage. Nous étions déterminés à développer le décolletage en raison de commandes guère à la hauteur de nos attentes. Ainsi, nous avons pris la décision d’acquérir des décolleteuses et de verticaliser ce segment. Parallèlement, Dixi Cylindre SA cherchait un repreneur. Cette acquisition nous a permis de nous focaliser sur nos activités. Nous avons regroupé ces deux entités sous la bannière Iseotec SA.

Le médical exige de conserver indéfiniment la partie suivie et la traçabilité.