Arcofil industrialise ses produits

Frank Kräuchi, CEO d’Arcofil
Frank Kräuchi, CEO d’Arcofil

Arcofil pour arc électrique et fil. Dès sa création en 1979, son atout résidera dans l’usinage des métaux par électroérosion. Au fil du temps, cette entreprise imérienne mettra plusieurs cordes à son arc jusqu’à verticaliser sa production. Petit tour d’horizon avec son CEO Frank Kräuchi.

Quelles modifications avez-vous apportées à votre arrivée il y a plus de 9 mois ?

Nous avons examiné tous les flux de l’organisation pour saisir le rôle de chaque atelier. L’un des changements majeurs a été de se concentrer sur le produit plutôt que sur le métier comme auparavant. Lorsqu’une commande arrivait, elle était envoyée dans les divers ateliers avec des délais plus ou moins élastiques ! Maintenant, nous disposons d’une perspective globale sur chaque pièce ou outil. Le chef de projet surveille constamment le déroulement de la production. Le client a une connaissance précise du prix et de la date de livraison des premières pièces. Pour le posage des aiguilles, il y a un suivi par produit. Avant, le cheminement de la commande était tout à fait kafkaïen. Actuellement, un suivi opérationnel est assuré par opération.

Est-ce qu’Arcofil est entrée de plain-pied dans l’industrialisation du produit ?

Complètement. Avant, c’était de la sous-traitance. Aujourd’hui nous faisons de la sous-traitance qui traite un produit en entier et pas une opération individuelle. Les clients commandent un outillage complet très souvent fini. En somme, un service verticalisé. Quand ils viennent pour une roue, ils la veulent étampée, polie, galvanisée, finie pour n’avoir plus qu’à la glisser dans le mouvement. Avant, la pièce se baladait chez plusieurs fournisseurs. Le cirque ! Et surtout la fabrication du produit n’était pas maitrisée avec comme corollaire des retards. Maintenant, il y a un seul responsable, Arcofil.

En somme un guichet unique ?

Cette tendance a commencé il y a environ cinq ans. C’était dans l’intérêt des deux parties de maitriser toute la chaine de valeur du produit. Désormais, toutes les manufactures horlogères travaillent de la sorte. Auparavant, elles ne maitrisaient ni la qualité ni les délais de livraison. Grâce à la verticalisation, tout est plus clair pour le client.

Une diversification de vos produits ?

En maitrisant les métiers autour de l’étampage, nous proposons un produit fini avec pour base l’étampage. Nous faisons également les presses pour l’étampage, de l’outillage pour l’industrie horlogère pour tout type d’opération. Nous réalisons ce dont cette industrie a besoin sur une ligne de production. Bernard Schenk, Imérien pur souche, a fondé Arcofil en commençant avec une machine d’électroérosion. Quelques années plus tard, un atelier de mécanique avec fraisage et tournage a vu le jour. En 2000, l’étampage est arrivé. Nous sommes en constante innovation.

Le secteur est à la peine ?

Nous constatons un ralentissement chez nos clients. Mais les grandes marques horlogères sont en croissance continue et nous avons la chance de les avoir comme clientes. Et nous continuons à embaucher.

Vous disposez d’une R&D performante. Pour quelles raisons ?

Arcofil n’est pas le meilleur marché, en revanche, nous offrons des solutions difficilement trouvables ailleurs. Nous sommes dans le haut de gamme pour des prestations très pointues. Avec l’électroérosion, nous réalisons également des pièces pour le secteur médical en grands volumes et au micron. En fait, au dixième de micron pour des centaines de milliers de pièces. Nous sommes les seuls au monde à fournir à un client américain du médical de si grands volumes ! L’étampage existe depuis longtemps mais pour rester les meilleurs, nous devons apporter des solutions inédites grâce à la R&D. Ainsi pour de l’anglage ou des roues à bras avec anglage, nous disposons d’une étampe du nom d’arcoroue. Cette étampe progressive est un outil flexible qui étampe tous les diamètres possibles et imaginables de roues avec ou sans bras. Pour une roue de 10.2 de diamètre extérieur avec un trou de centre à 1.25, nous le faisons rapidement avec cet outil développé en interne. Une opération dont nous sommes les seuls à exécuter. 

Quels sont les projets d’Arcofil ?

A l’avenir, nous fabriquerons des composants de mouvement pour l’horlogerie. Notre stratégie est de verticaliser notre production pour livrer un produit fini. Quand les volumes augmentent, il faut inéluctablement s’industrialiser et automatiser.

Grâce à la verticalisation, tout est plus clair pour le client.